Coup de chaud sur les matières premières

Au même titre que de nombreux acteurs du BTP, nous faisons face actuellement chez Homaj à une situation inédite. Depuis quelques mois déjà nous observons une augmentation importante du prix de différentes matières premières, à laquelle s'ajoute un allongement des délais de livraison.

Le phénomène est suffisamment notable et inédit pour que les médias commencent à évoquer le sujet. Cela impacte en effet de manière importante la façon dont nous travaillons, au même titre que la quasi-totalité des acteurs du secteur, et nous avons donc décidé de vous expliquer les phénomènes responsables de cette situation, et leurs conséquences, avec la plus grande transparence possible.

  1. Pourquoi les prix augmentent-ils ?

Depuis le quatrième trimestre 2020 et en particulier depuis début 2021, nous assistons à une augmentation conséquente de la demande de matériaux dans le secteur du BTP, qui s’observe à la fois le marché français et mondial. 

Si l’on considère le contexte français, trois phénomènes se conjuguent :

  • Le retard de production
    La production industrielle de certains matériaux est toujours perturbée en France à cause de la situation sanitaire, même si cela n’a rien à voir avec la situation d’il y a un an. Ainsi, de nombreux fournisseurs peinent à rattraper le retard pris au printemps 2020 (certains ont subi une interruption de leur activité pendant deux mois et le redémarrage n’a pas été immédiat). Même en mettant les bouchées doubles depuis le déconfinement du mois de mai 2020, il n’est pas si facile de réabsorber un tel retard de production.
  • Le « boom » de la rénovation
    De nombreux chantiers, notamment de rénovation, ont été entrepris en France depuis un an : avec le télétravail, les français passent plus de temps chez eux et souhaitent améliorer leur habitat, notamment le confort thermique et l’isolation. Le dispositif gouvernemental “ma Prime Rénov”, lancé en octobre 2020 pour tous les propriétaires d’un bien sans condition de revenus a ainsi vu le nombre de dépôts de dossier monter en flèche. Avec une moyenne de 15 000 dossiers déposés par semaine, le gouvernement s’attend à traiter près de 800 000 dossiers, au lieu des 500 000 prévus initialement. Ce dispositif concerne avant tout la rénovation thermique, avec une forte demande pour toutes les solutions d’isolation.Par ailleurs, si l’on regarde ce qui se passe du côté des particuliers, les magasins de bricolage ont fait de très bons chiffres en 2020, malgré deux confinements, confirmant un regain d’intérêt pour le bricolage et pour l’amélioration de l’habitat de manière générale, faisant augmenter la demande en terme de matériaux. D’après une étude Opinion Way, près de 30% des français ont ainsi plus bricolé en 2020 par rapport à leurs habitudes.
  • L’arrivée de la RE 2020
    La demande est d’autant plus forte pour certains matériaux utilisés dans la construction neuve à l’approche de l’entrée en vigueur de la RE 2020. En effet, de plus en plus de constructeurs vont avoir recours à des matériaux biosourcés pour être conformes à la RE 2020, alors que la production française n’est pas encore réellement consolidée, notamment concernant la filière bois.

 

A cela s’ajoute des difficultés qui concernent l’ensemble des pays :

  •  Un marché mondial moins “fluide”
    La fermeture partielle des frontières (à la fois avec l’extérieur de l’UE mais aussi intra-communautaire) ralentit l’acheminement  de certains matériaux ou composants (par exemple, les cellules photovoltaïques utilisées pour la fabrication des panneaux solaires qui viennent souvent d’Asie, ou des batteries produites en Allemagne etc). Les chauffeurs qui passent les frontières doivent ainsi montrer patte blanche avec un test PCR, et la logistique globale tourne au ralenti. La situation est encore plus compliquée avec le Royaume-Uni depuis la mise en place du Brexit et leur reconfinement en décembre 2020. En conséquence, les matériaux ou composants produits en France deviennent plus attractifs en termes de délais de disponibilité, ce qui fait augmenter la demande.
  • Une forte demande liée à la reprise économique
    Si l’on se place à l’échelle internationale, l’activité économique a repris de manière assez spectaculaire en 2021 comparé à 2020. Pour plusieurs matières premières, les prix suivent le cours des bourses mondiales et sont donc dictés par la demande. Avec une production toujours en berne, et une demande qui repart à la hausse dans certains pays comme les Etats-Unis ou la Chine, ces derniers n’hésitent pas à venir se fournir sur le marché européen, accentuant la concurrence pour l’accès à certaines matières premières.

 

La conséquence de ces différents phénomènes, c’est qu’en tant que professionnel du bâtiment nous  travaillons actuellement avec une triple difficulté : la raréfaction des stocks disponibles, des délais de commande qui s’allongent, et une augmentation des prix (pouvant aller jusqu’à 30% pour certaines matières premières !)


2. Quels sont les matériaux les plus concernés ?
Bien entendu la situation n’est pas égale entre tous les matériaux. Voici un panorama rapide de ceux qui sont les plus concernés par ce phénomène parmi les matériaux utilisés dans nos maisons : 

  • Le Pin Douglas : il y a une très forte tension sur le marché français du pin Douglas (La France est à l’heure actuelle le premier producteur européen). Cela est dû à une augmentation très forte de la demande dans les pays du Nord de l’Europe (Pays-Bas, Belgique, Allemagne), mais également du côté des Etats-Unis, qui viennent s’approvisionner en Europe depuis la mise en place par Donald Trump d’une taxe sur le bois canadien, en n’hésitant pas à faire augmenter les enchères pour se procurer des lots.
    La conséquence est qu’il devient de plus en plus compliqué de trouver du pin Douglas du Morvan, et que ce dernier est de plus en plus cher, avec une augmentation des prix de près de 50% en 6 mois, alors qu’ils avaient été jusqu’à maintenant relativement stable. C’est du jamais vu depuis 20 ans ! Cela nous conduit à des situations inédites : il devient ainsi moins coûteux de réaliser certains éléments comme la volige en chêne ou en pin maritime plutôt qu’en pin Douglas, alors que ces matériaux étaient auparavant relativement plus chers.

  • L’acier et l’aluminium : Tout comme pour le pin Douglas, on a observé une hausse brutale des prix de ces deux matières premières depuis novembre 2020, avec une forte accélération durant l’hiver. Les prix ont ainsi augmenté en moyenne de 15 à 25%, avec des hausses pouvant atteindre parfois les 50% chez certains fournisseurs. 

 

En cause ? L’arrêt des hauts fourneaux au printemps 2020 face à la chute brutale de la demande au niveau mondial. Cet arrêt ne s’est pas fait ressentir dans les mois qui ont suivi, car les fabricants ont en premier lieu écoulé leurs stocks lorsque l’activité a repris. Malheureusement, le redémarrage des hauts fourneaux ne se fait pas en un clin d’oeil, et certains n’ont toujours pas retrouvé leur niveau de production d’avant la crise, alors que la demande mondiale a repris de plus belle, entraînant une augmentation des prix et des délais d’approvisionnement.

Chez Homaj, nous en ressentons très clairement les effets au niveau de nos commandes pour les revêtements de toiture (tôles de rives et bac acier), mais également nos baies vitrées réalisées en aluminium. 

  • La fibre de bois : la demande est actuellement soutenue pour la fibre de bois, avec une croissance estimée à 15% sur l’année 2021. La tendance suit celle des prix du bois, et les délais de commande sont également en train d’augmenter de manière drastique alors que nous n’avions jamais connu jusqu’à lors de soucis pour ce matériau. Pour tenir la cadence, les industriels font tout pour augmenter leur capacité de production, à l’instar de Steico, l’un de nos fournisseurs, qui va doubler sa production dans les prochaines semaines. Les professionnels de la filière prévoient d’ailleurs un doublement de la demande pour les isolants biosourcés d’ici 5 ans.

 

 

3) Quelles sont les conséquences pour votre projet ?

Face à une telle situation, nous devons nous adapter en tenant compte du degré d’avancement du projet :

  • Vous êtes encore en phase de réflexion concernant votre projet :
    Si vous nous avez connu il y a quelques mois, vous aurez peut être remarqué que les tarifs affichés sur notre site ont connu deux hausses successives (en novembre 2020 et en mars 2021) suite à l’évolution des prix chez nos fournisseurs. Nous n’avons pas d’autre choix que de répercuter partiellement l’évolution de ces hausses sur nos prix, en espérant que la hausse reste contenue. En effet, nous construisons avec un délai moyen de 8 à 10 mois, et il s’écoule donc a minima 6 mois entre la signature du devis et l’achat des matériaux. Etant donné les mises à jour très fréquentes des prix de la part de nos fournisseurs (toutes des 2 à 4 semaines environ) il est très difficile d’avoir de la visibilité. Néanmoins, nous pouvons espérer que la situation se stabilise d’elle même d’ici à ce que votre projet soit lancé.
  • Vous avez déjà reçu un devis de notre part :
    N
    ous ne pouvons que vous encourager à le signer rapidement, car à l’heure actuelle nous ne pouvons garantir les tarifs annoncés dans nos devis plus d’un mois. Nous espérons que les prix et les délais vont se stabiliser rapidement afin de pouvoir vous éviter toute mauvaise surprise si vous avez besoin d’un plus grand délai de réflexion avant de valider votre projet.
  • Vous avez déjà signé votre contrat :
    Dans ce cas rien ne change pour vous. En effet, nous ne pouvons pas modifier les prix dans le cadre d’une maison construite dans le cadre d’un contrat de CCMI. Certes, les prix indiqués dans nos CCMI sont indexés sur un « indice BT01 » mais il n’est pas actualisé suffisamment régulièrement pour refléter la situation actuelle.

Quoi qu’il en soit, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre responsable de projet afin d’en discuter et trouver une solution adaptée. Nous mettrons régulièrement à jour cet article, en espérant avoir une stabilisation des prix dans les prochaines semaines !

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