Quels sont les impacts du « Made in France » ?

En ces temps de mise au ralenti des échanges internationaux, le "made in France" revient sur le devant de la scène. Dans une économie mondialisée où la tendance était plutôt à la délocalisation, le "made in France" apparaît à présent comme un moyen de sécuriser nos chaînes d’approvisionnement, mais il possède également d'autres avantages.

Une petite précision tout d’abord concernant le terme de « Made in France  » ou « fabriqué » en France : les critères requis pour pouvoir utiliser cette dénomination varient s’il s’agit d’un produit alimentaire ou non alimentaire. Pour pouvoir apposer ce label sur un produit non alimentaire, il faut que le produit soit composé d’une certaine quantité de matières premières produites en France et/ou que certaines opérations de transformation soient réalisées en France (voir le site du gouvernement pour plus de détails).

Chez Homaj, nous n’avons pas attendu la crise sanitaire actuelle pour estimer qu’avoir recours dans la mesure du possible à des matériaux et des fournisseurs français présente de multiples avantages. Plusieurs aspects sont ainsi à prendre en compte lorsque l’on veut examiner l’impact d’une production 100% française :

1. D’un point de vue économique et social

Impact sur le développement économique : d’un point de vue économique, produire en France permet aussi de créer de la valeur localement, et cela bénéficie donc à la santé économique du pays. en favorisant la croissance du PIB notamment. Produire à l’étranger « dilue » cette valeur, qui n’est comptabilisée que partiellement en France et cela impacte donc notre balance commerciale. Dans cette optique, il est intéressant de localiser le plus de maillons possibles de la chaîne de production sur le territoire français.

Impact sur l’emploi :  Consommer français peut-être certes plus cher, mais a des retombées économiques très bénéfiques, car cela permet de conserver des emplois, notamment des emplois industriels ou agricoles, et de sauvegarder également un savoir-faire artisanal ou industriel parfois lié à l’histoire de certaines régions. C’est le cas par exemple de notre usine partenaire située en Haute-Saône, qui est une usine familiale existant depuis près de 75 ans spécialisée dans la transformation du bois.

Impact sur le bien-être des salariés : Avoir recours à des produits français garantit également qu’ils ont été fabriqués dans de bonnes conditions, dans le respect du droit du travail français et des conditions d’hygiène et de sécurité. La législation française est très stricte sur ces aspects, contrairement à d’autres pays beaucoup moins regardants sur les conditions de travail de ses salariés, ce qui laisse la porte ouverte à de graves dérives (horaires à rallonge, travail non déclaré, salaire minimum non respecté,  pas de matériel de sécurité etc,…).

Impact sur le coût du produit : De façon générale, le « made in France » va coûter plus cher que des produits équivalents fabriqués dans des pays où la main d’oeuvre est meilleure marché. Le coût de la main d’oeuvre en France est en effet relativement élevé par rapport à certains de nos voisins européens (notamment par rapport à des pays d’Europe de l’Est ou du Sud), et encore plus par rapport à des pays en voie de développement. Cela est principalement lié à notre système de protection sociale (santé, assurance chômage, etc), ainsi qu’à un niveau de vie globalement plus élevé. A contrario, le fait de produire de manière locale va permettre d’économiser sur les coûts de transport et de diminuer le nombre d’intermédiaires si l’on travaille en circuit court, et donc la marge réalisée par chacun d’entre eux, ce qui impacte directement le prix du bien.

 

  1. D’un point de vue écologique

Les bénéfices d’une production française d’un point de vue écologique sont les plus complexes à déterminer car ils sont multi-factoriels. L’aspect « écologique » d’un bien peut ainsi être évalué selon différents critères :

Impact sur la biodiversité : est-ce que la production/l’extraction des matières premières nécessaires vient empiéter sur des espaces où vivent normalement des espèces animales ou végétales ?  Est-ce que cette production a un impact sur la pollution de l’environnement (eau, air, sols) ?

Impact sur l’épuisement des ressources naturelles : s’agit-il de matières premières d’origine fossile ou renouvelables ?

Impact sur le réchauffement climatique : quelles sont les émissions de gaz à effet de serre liées à la production des matières premières ? A la fabrication en elle-même ?  A l’acheminement des biens vers le consommateur ?

L’étiquette  « Made in France » n’est donc pas obligatoirement le gage d’avoir un produit 100% écologique, mais permet de s’assurer du respect de certaines conditions. Dans le cas de la sauvegarde de la biodiversité par exemple, il existe en France des règlements qui évitent des déboisements sauvages ou la mise en péril d’espèces protégées, ainsi que l’utilisation abusive d’OGM et de pesticides. Bien entendu, certains produits controversés demeurent autorisés, mais ils sont soumis à une législation. Dans le cas du bois par exemple, il est interdit d’utiliser certains produits phytosanitaires ou d’aller déboiser des parcelles entières de forêts, même privées. La gestion des forêts dédiées à la production de bois à usage commercial est soumise à la surveillance de l’ONF et doit respecter un cahier des charges précis.

La France n’est pas un gros producteur de ressources fossiles (charbon, gaz, pétrole) ou minières, qui sont donc pour la plupart importées. En revanche, nous produisons de nombreuses matières premières agricoles adaptées aux climats tempérés. Encore une fois, tout dépend du type de matières premières utilisées. Si l’on se place dans le cas de l’industrie textile, il n’y a pas de production de coton en France, et cette matière première doit forcément être importée de pays comme l’Inde, la Chine ou les Etats-Unis, beaucoup moins exigeants en matière d’écologie.

Concernant les émissions de C02, le fait de produire en France permet de diminuer les émissions liées au transport vers le consommateur final.  Mais pour être le plus vertueux possible d’un point de vue carbone, il faut que les matières premières soient également produites en France, et que leur production minimise les émissions de gaz à effet de serre. Le but est ainsi de minimiser à chaque étape de production les émissions carbone et la distance parcourue, et d’opter pour un moyen de transport peu polluant tel que le fret ferroviaire par exemple.

Outre les distances parcourues, le lieu de production détermine également le type d’énergie utilisée lors de la production (selon le mix énergétique propre à chaque pays), et donc la quantité de CO2 émise. Avec une énergie très peu carbonée (notamment grâce à l’utilisation massive du parc nucléaire), la France fait partie des pays du monde où produire un kilowatt heure émet le moins de CO2. Cela est très bien illustré par le projet Electricity map, qui indique en temps réel les émissions de C02 liées à la production d’électricité dans différents pays.

Par exemple, la production d’un panneau solaire en Allemagne aura émis plus de gaz à effet de serre liées que s’il avait été produit en France, car le mix énergétique allemand est plus carboné. Dans le cas d’un panneau solaire, qui servira par la suite à produire de l’énergie “propre”, cela va ainsi impacter le temps de « retour énergétique », c’est-à-dire le temps qu’il faudra pour compenser le CO2 émis lors de sa production. Pour aller plus loin sur ces questions, vous pouvez consulter l’article complet que nous avons rédigé sur le sujet, qui décortique le bilan carbone de l’une de nos maisons.

Tous ces paramètres permettent de déterminer ensuite le “coût carbone” d’un produit, beaucoup moins visible que son coût monétaire, mais éminemment important dans l’optique d’une transition écologique. Si un jour une taxe carbone universelle est appliquée en France à tous les biens de consommation, la différence de coût par rapport à un produit équivalent fabriqué à l’étranger se trouvera ainsi diminuée, voire peut être même inversée pour les biens les plus carbonés.

 

  1. D’un point de vue de la qualité

Le dernier aspect positif lorsque qu’un bien est produit en France est que cela permet généralement d’avoir un produit de meilleure qualité.

Produire et commercialiser un produit en France implique de respecter des normes françaises et/ou européennes, qui font partie des plus strictes au monde. Cela permet également une meilleure traçabilité : en produisant localement, on peut minimiser le nombre d’intermédiaires, il est donc plus facile de retracer l’origine et les conditions de production des matières premières. Enfin, comme nous pouvons le constater actuellement avec le problème d’acheminement des masques, les délais de production et d’acheminement sont raccourcis grâce à une meilleure maîtrise de la chaîne d’approvisionnement et des distances plus courtes à parcourir.

Par exemple, le fait d’avoir recours chez Homaj à du bois issu de forêts françaises et de travailler en très grande majorité avec des fournisseurs produisant en France nous permet d’espérer une reprise rapide de nos chantiers une fois les mesures de confinement allégées.
On ne peut pas prédire à l’heure actuelle ce qui ressortira de la crise sanitaire que nous traversons actuellement, mais nous espérons en tout cas que ce retour vers le « Made In France » va se renforcer et s’intensifier, y compris dans le domaine de la construction.

 

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